Concours Construction Acier 2021

Château culturel Koerich

Visant une ruine stabilisée du « Gréiweschlass »à Koerich, le maître d’ouvrage avec sa
maîtrise d’œuvre ont cherché l’équilibre entre conservation et aménagement architectural au service de la culture. Que ce soit le pavillon vitré, les passerelles se détachant des murs ou la toile tendue translucide, ces structures autorisent toujours le lien visuel avec la
maçonnerie historique. A Koerich, dans la Vallée des Sept Châteaux, visiteurs, artistes et
audience profitent désormais du mariage réussi entre conservation du patrimoine et
aménagement de nouvelles fonctions.

Les contraintes du site, la morphologie de l’existant, les besoins du programme ont
réellement façonné une réponse par rapport au site.

La première contrainte qui a dû être étudiée en profondeur fut l’accessibilité au site, sachant qu’à l’heure actuelle il est quasi inaccessible pour des personnes à mobilité réduite ou encore des poussettes et personnes âgées. Notre idée fut de créer un parcours à travers le château, générant un lien entre les divers volumes. Ainsi passerelles et plateformes, rampes et escaliers ponctuent ce parcours en créant en même temps des plateformes pour générer des espaces intimement liés à la production culturelle.

Notre façon d’imaginer ce lieu a évolué au fil des années et au lieu de créer un endroit
uniquement orienté vers une scène, nous avons créé plusieurs endroits, où un petit
orchestre ou un chanteur ou encore un acrobate puisse animer l’ensemble du site. Une
grande scène généreuse forme la plateforme principale et le mur sud muni de belles
ouvertures renaissance constitue en quelque sorte le background de cette dernière.

Le projet consiste en la réalisation d’une intervention qui pourra être enlevée un jour en
laissant un minimum de traces. L’acier a donc été choisi comme matériau pour son côté
filigrane et léger et recyclable.

L’acier a été employé sur le site sous diverses formes. En structure tendue, boulonnée,
soudée, en maille métallique, en filet inox, en câbles inox et éléments thermolaqués, l’acier fut un matériau qui s’est imposé très naturellement. Un box fonctionnel à structure en acier, pourvu d’un vitrage renfermant une maille métallique rappelant la maille des habits de chevaliers renferme les espaces logistiques.

Afin de boucler le parcours et d’emmener les gens vraiment dans les entrailles du projet, une passerelle s’introduit dans la tour Est. Sur demande des amis du château, à savoir de couvrir partiellement la scène, nous avons suggéré à notre maître d’ouvrage de travailler avec le bureau d’ingénieurs Ney. Ce dernier a su merveilleusement bien intégrer une couverture qui elle aussi est conçue pour être réversible un jour. Le bureau Fabeck s’est chargé des travaux de coordination et de mise en place de cette dernière.

Redonner vie à l’âme de ce château et l’ouvrir à tous a été le fil conducteur tout au long de ces années.

La couverture dessinée par le bureau Ney a su s’insérer dans le projet architectural sans
heurts. Filigrane et légère, elle se déploie en laissant l’architecture existante intacte. Les
dimensions de cette espace sont de 31 m sur 10 m avec une superficie totale de 306 m².

L’espace est limité par trois faces sur une hauteur de 12.8 m et en particulier par le long-pan de la façade sud qui, vu de la cour intérieure, forme un merveilleux fond de scène qui est primordial de conserver et de mettre en valeur.

La massivité des murs subsistants sur les faces est, sud et ouest permet d’envisager une
structure tendue entre ces murs. Un câble primaire est installé, sur les façades, d’est en
ouest le long de l’axe du corps de logis. La membrane vient s’accrocher à ce câble par deux points hauts, le périmètre de la surface étant le bord bas de la membrane. Un câble de rive met en tension l’ensemble de la membrane et sera accroché à différents points sur le périmètre.

Afin de maximiser la surface couverte, six points bas de la toile sont étendues jusqu’à 80 cm des faces intérieures du château. Les deux points bas donnant vers la cour intérieure sont eux soutenus par deux mâts circulaires d‘un diamètre 168 mm et d’une longueur de 7 m reposant sur une rotule de 40 mm.

Aucun élément structurel ne repose sur l’espace surélevé, ce qui permet d’imaginer plusieurs possibilités d’agencement. La géométrie choisie, d’une superficie de 240 m², définie deux espaces équivalents pouvant soit s’organiser en un espace spectateur et un espace de spectacle, soit entièrement dédié à l’espace scénique.

D’un point de vue de l’intégration architectural, l’avantage de cette solution est sa légèreté, l’absence de structure au sens classique du terme et un langage contemporain qui communique bien son caractère temporel. Les visuels montrent une excellente intégration en jouant sur l’opposition entre massivité de l’existant défini par une géométrie stricte et l’aspect filigrane et de forme plus naturelle et aérienne de la membrane.

Pour pouvoir tendre la membrane de part et d’autre du château plusieurs renforcements ont été nécessaires. Des poutrelles sont posées sur les façades Est et Ouest afin de porter le câble en hauteur et diffuser les charges sur la maçonnerie. Les ancrages des six points bas passent à travers les façades et repartissent les efforts vers des micropieux ancrés dans le sol à l’extérieur du château.

La nature d’une telle structure nécessite une tension continue et contrôlé de la toile. Des
fourches et des tendeurs sont prévus aux différents points de connexion pour permettre un réglage optimal de la tension dans les câbles et par conséquence dans la toile tendue.
L’étude approfondi de la structure illustre clairement une concentration de la tension
beaucoup plus importante autour des deux points hauts comparée au reste de la membrane. Pour y remédier des doublures composées du même matériau semi-translucide (20%) sont réalisées par soudures. Ses deux zones de renforcements, sous forme de motif géométrique et radial, apportent un jeu d’ombrages et de perspectives gravitant autour des deux points névralgiques de la membrane.

Une attention particulaire est apportée aux choix des matériaux. Des matériaux résistants et durables sont utilisés pour la couverture et les éléments métalliques. La toile se compose d’une maille en PTFE avec une enduction lissée en fluor limitant les salissures. Etant donné l’exposition aux intempéries, la quasi-totalité des composants métalliques de l’ouvrage sont réalisés en aciers inoxydable de haute qualité. Deux finitions sont utilisées : un noir équivalent aux reste des interventions contemporaine par l’architecte Fabeck pour les composants en contact direct avec le bâti existant et une finition de l’inox par microbillage pour les éléments en acier propre à la toile tendue.

La réhabilitation du Château de Koerich en espace culturel est le résultat d’un travail
d’équipe pluridisciplinaire regroupant architecte, ingénieurs, et concepteur lumière.