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Nichtoffener Wettbewerb | 12/2016

Neubau Biowissenschaften / Un nouveau bâtiment des Sciences de la Vie sur le site de Dorigny de l'Université de Lausanne

1. Rang

Preisgeld: 81.000 CHF

Baukunst

Architektur

BRUTHER

Architektur

Muttoni & Fernández

Bauingenieurwesen

Pierre Chuard ingénieurs conseils

Bauingenieurwesen

EcoAcoustique SA

Akustikplanung

SORANE SA

Bauphysik

Beurteilung durch das Preisgericht

Inscription territoriale, contextualisation et espaces extérieurs Le projet 23071933 peut laisser penser, à première vue, qu’il reconduit la logique d’implantation propre au campus universitaire, à savoir un objet autonome posé dans une étendue paysagère. Pour une part, c’est le cas mais pour le fond de la question que le projet choisit de traiter, l’essentiel est un peu ailleurs. Le projet nous dit que si l’architecture parle assurément d’espace et de contexte physique, ces deux notions ne peuvent s’envisager sans convoquer leurs temporalités intrinsèques ; d’abord, les habitus et les territoires ont une histoire patiemment sédimentée et ensuite, les habitus et les territoires tendent vers un devenir. Partant du constat que l’environnement, tant culturel que territorial, est selon eux en perpétuelle transformation, les auteurs postulent implicitement que le projet, sans avoir la capacité d’accélérer ce processus temporel, doit prendre les dispositions pragmatiques pour l’accompagner, non seulement dans son état présent mais dans ses possibles évolutions futures sans pouvoir les anticiper. Dans ce sens, si les principes d’implantation territoriale et paysagère actuels sont reconduits ici, ce n’est pas comme une finalité mais plutôt dans une perspective transitoire. C’est d’une forme d’humilité du projet sur sa capacité à transformer l’état présent des pratiques sociales et territoriales dont il est question. Cette attitude attentive aux limites de l’action transformatrice de l’architecture ne renonce pas pour autant à s’exprimer avec force et à discuter radicalement l’espace mais elle tente de le faire avec lucidité. Les auteurs parlent d’une architecture souple et affirmée, ce qui n’est pas antinomique mais pose la complexité des buts poursuivis. Du point de vue de la construction du territoire, le projet mise plus sur la valeur infrastructurelle du bâtiment que sur l’action limitée et localisée de la forme urbaine. L’implantation du bâti, tout en s’inscrivant dans les continuités visuelles et paysagères propres au campus actuel anticipe l’évolution de la Méridienne comme axe structurant appelé à se renforcer dans le temps et par l’usage. Il anticipe également un maillage de constructions qui pourrait, le moment venu, restructurer le site. Le projet, par son implantation, son orientation hiérarchisée du nord au sud est pensé tant pour son statut actuel d’objet autonome que conjointement pour s’inscrire dans les évolutions futures du site appelé à se densifier.
Qualités spatiales et fonctionnelles du projet La spatialité proposée pour le bâtiment des Sciences de la Vie s’inscrit dans l’exacte continuité des réflexions territoriales engagées ; elle se veut flexible et évolutive. Quand les auteurs parlent du programme actuel, ils sous-entendent avec clairvoyance que celui-ci est temporellement transitoire. Pour assurer cette flexibilité, le projet développe des grands plateaux qui externalisent les circulations horizontales et verticales majeures et concentrent au cœur de la densité construite, dans des murs épais, les flux techniques et les circulations de service.
La signature spatiale de l’édifice, sa singularité fondamentale tient dans ce retournement ; disposer à l’extérieur ce qui d’ordinaire est au centre et qui rassemble, à l’image de l’atrium ou du foyer des constructions académiques orthodoxes. Cette décision peut s’interpréter à plusieurs niveaux, outre la mémoire historique de l’institution académique qui réside dans ce vide fédérateur, quelque chose de la mémoire du site de Dorigny est réinterprété par la notion de coursive périphérique comme la signature formelle des brise-soleil des premiers bâtiments du campus. Prudents, les auteurs préfèrent insister sur les valeurs factuelles du dispositif, à la recherche d’un environnement de travail favorisant l’échange et la stimulation. Faire une place majeure, confirmée par une double hauteur, pour les espaces des rencontres informelles et des appropriations spatiales autonomes relève du manifeste sur les visées de l’enseignement académique qui se représente de la sorte. Le projet affirme avec l’écriture de l’espace que l’apprentissage et la recherche sont prioritairement des activités collectives et collaboratives. Ou pour le dire en un mot : un climat d’étude. La force et le courage de la proposition architecturale du projet 23071933 que le jury souhaite reconnaître et saluer est une forme de recherche qui ne s’appuie pas sur les typologies informelles et bonnes à tout faire et préfère s’élaborer à partir des spécificités de l’espace d’enseignement académique. A tous les niveaux, du territorial au programmatique, ce projet nous parle de mémoire et de devenir, de palimpseste d’habitus et de territoires sédimentés, de l’actualisation et du devenir des pratiques spatiales. En un mot, il nous parle de la matière-même de l’architecture. La cohérence du projet se vérifie jusque dans sa devise cryptée qui célèbre l’avènement de Richard Rogers en saint patron tutélaire des architectes plus préoccupés de répondre au thème du projet que de produire des formes et des images.
Usage, construction et économie du bâtiment La typologie adoptée par le projet distingue trois types de flux : les distributions verticales et horizontales périphériques majeures pour tous publics, les distributions techniques verticales centralisées et les distributions rapides, secondaires et horizontales qui traversent les plateaux d’étage. Ce dispositif permet une grande souplesse programmatique et une adaptation pour résoudre ce qui en l’état doit être précisé : flux des étudiants qui accèdent à l’auditoire et à la cafétéria du dernier étage, flux séparés des étudiants et des chercheurs, distribution des labos des groupes et des labos en commun à revoir. La partie de recherche doit trouver une réception à même d’orienter les visiteurs et de réceptionner les colis. Des localisations de locaux sont discutables, notamment la trop grande proximité entre les espaces de recherche et ceux des travaux pratiques. La transparence et la visibilité des laboratoires, si elles ont à ce stade valeur de concept, devront toutefois se préciser et se moduler en fonction des spécificités d’usage et d’exploitation.
Un déficit important de locaux techniques et de stockage est relevé et le principe d’accès pour les livraisons doit être clarifié. Pour l’enseignement, les salles de travaux pratiques réparties sur des niveaux différents posent des problèmes de logistique d’accompagnement des étudiants et exigeraient des ressources humaines d’encadrement supplémentaires Le principe d’une peau de verre mécanisée par des vérins hydrauliques n’est pas souhaité en termes d’exploitation, de maintenance et de sécurité. Une formalisation de l’espace de façade qui abandonne la domotique au profit du low-tech et de la mécanique manuelle permettrait de répondre aux questions d’entretien et d’usage sans remettre en question les principes cardinaux du projet qui ne sont pas de nature technologique mais plutôt spatiale. Du point de vue énergétique, les coursives périphériques sont idéalement éclairées et ventilées naturellement mais la pénétration de la lumière vers les zones d’étude et de recherche pose question. En été, la ventilation naturelle peut suffire à contrôler le climat
des coursives. En hiver, l’appropriation souhaitée des coursives dépendra de leur température mais dans tous les cas, l’occupation saisonnière de ce climat intermédiaire fait partie des principes défendus par le projet. Du point de vue structurel, les portées sont trop grandes et des optimisations sont possibles sans nuire au concept du projet. Le coût de l’ouvrage s’inscrit dans la fourchette supérieure des projets rendus du fait du coût estimé des coursives. Là encore des solutions de construction low cost pourraient réorienter le projet avec bonheur. Le coût des aménagements extérieurs est dans la fourchette inférieure. Les étapes de réalisation et d’extension devront être affinées lors du développement du projet. Les surfaces de planchers sont dans la moyenne des projets rendus.