Réalisation de l'école Jolie Manon et du parc urbain attenant à Marseille (FR)

L’IDENTIFICATION DE L’ECOLE ET DU PARC COMME UN ENSEMBLE INDISSOCIABLE

La création d’une forêt sur l’îlot Loubon au cœur du quartier de la Belle de Mai est une opportunité pour la ville de créer une véritable respiration, un poumon vert dans un quartier dense. C’est avant tout une réelle volonté politique en matière d’urbanisme et d’environnement.

Associer ce projet à la création d’un groupe scolaire est un signal fort, universel, qui met en avant l’enfant, son bien-être, son rapport futur à l’environnement au cœur des préoccupations actuelles.

Notre volonté est d’inscrire ces deux programmes au sein d’un seul et même projet architectural. Un projet qui inscrit la relation et le dialogue entre l’école et la forêt dans la durée.

Notre projet consiste dans un premier temps à mettre en relation des espaces extérieurs entre eux : espaces des cours de récréation pour la partie groupe scolaire, espace de la prairie pour la partie forêt. La géométrisation et le dialogue entre ces « vides » est le point fondamental du projet. Notre volonté est de « réserver » et sacraliser ces espaces extérieurs, leur donner un sens par leur géométrie rigoureuse et par leur usage. Cette fondation s’inscrit dans l’espace et dans le temps.

Les espaces de récréation sont regroupés au centre du groupe scolaire et sont protégés en périphérie par les éléments bâtis du programme :

L’aile Nord en R+2 présente une forme courbe qui épouse le contour de la rue Loubon dans un grand mouvement enveloppant et protecteur et dont le gabarit répond aux immeubles périphériques,

Elle regroupe les entités maternelle et élémentaire. Les locaux de la maternelle forment un soubassement percé de patios végétalisés surmonté de deux niveaux superposés accueillant les locaux de l’école élémentaire intégrés aussi dans un grand volume courbe aligné à la rue.

Les deux écoles sont implantées au sein d’un même ensemble bâti ce qui permet de conserver une souplesse de fonctionnement et de gérer au mieux les variations d’effectif d’une entité à l’autre conformément au programme. La distinction entre ces deux entités qui fonctionnent en autonomie l’une de l’autre est clairement lisible. Les cours de récréations sont également distinctes et superposées : l’école maternelle en rez-de-chaussée s’ouvre au Sud vers sa cour, de façon identique à l’élémentaire en R+1

L’aile Ouest en rez-de-chaussée se met à distance de l’immeuble de logement et offre une vue plongeante sur sa toiture végétalisée des jardins suspendus. Cet espace accueille la partie restauration sur un seul niveau en rez-de-chaussée et s’ouvre sur la cour des maternelles.

La composition est complétée avec l’aile Sud en R+1, positionnée à l’alignement de la rue Jolie Manon face aux coursives d’un bâtiment de grande hauteur. Elle abrite le gymnase au rez-de-chaussée et la salle polyvalente en R+1. L’ensemble est surmonté en toiture d’un jardin suspendu accessible à l’établissement et visible depuis l’espace public.

La composition bâtie en U ouvert orienté à l’Est fait face à une composition symétrique végétale : deux formes en U ouvertes l’une vers l’autre, l’une minérale, l’autre végétale, qui recompose l’îlot.

L’ensemble est enveloppé précieusement dans un écrin de béton blanc qui laisse apparaître çà et là la végétation composant la forêt. Cette végétation se prolonge au cœur de l’équipement et transparaît au travers des grandes ouvertures créées dans le bâtiment, des failles en façades, en toiture, dans la cour illustrant un dialogue étroit, une continuité entre le minéral et le végétal : un cadrage du végétal depuis la rue, une mise en scène de la ville depuis l’équipement.

Le bâti en ordre continu d’une limite à l’autre de la parcelle ignore les effets dilatoires, les dents creuses ou les aspérités mal maîtrisées et au vieillissement incertain. Ceci, pour des raisons de valorisation de l’espace public par la clarté et la richesse des façades. Celles-ci sont dessinées avec le plus grand soin, avec rigueur et s’appuient sur une recherche de proportions justes pour les habitants comme pour les passants. Le bâtiment se distingue de ses voisins sans agression ni outrage et constitue un nouveau repère dans le linéaire de la rue.

Une composante de notre projet trouve son inspiration dans la mémoire du quartier, les empreintes, les traces laissées par des activités, des constructions passées. Les entrepôts présents sur le site marquaient la limite de l’îlot Loubon. L’histoire industrielle du lieu se retrouve ainsi à la fois dans le tracé de l’enveloppe en béton qui retrace le contour de l’îlot ainsi que dans la composition régulière des ouvertures qui la rythment.

L’OUVERTURE SUR LE PARC

Le projet fait disparaître tout obstacle pouvant nuire à la transparence entre le cœur de l’établissement et la forêt. L’invitation à traverser la limite forêt/équipement se traduit par une façade d’entrée en front du vaste parvis extérieur se résumant à deux auvents béton horizontaux superposés cadrés par les deux façades biaises des deux pignons de l’équipement.

Les auvents couvrent l’espace d’entrée et libèrent totalement l’espace au sol tout en assurant une protection aux intempéries. Le cadrage ouvre de larges perspectives. Il dévoile en fond de scène la végétation présente au centre du projet et invite avec générosité à pénétrer au cœur de l’établissement.

La façade d’entrée accueille ainsi avec générosité les enfants, les enseignants, l’ensemble des personnels et est perçue depuis le parc comme un symbole à la fois d’ouverture de l’institution vers l’extérieur mais incarne aussi avec force et sobriété l’institution républicaine.

Depuis l’intérieur du projet, les enfants contemplent la forêt depuis des cours superposées aménagées en belvédère sur le parc. Les espaces des cours sont généreux, lumineux, ouverts.