Wohnungsbau mit Ladenflächen und Freiraumgestaltung in Meinier (CH)

Comme le suggère son titre, le projet se fonde sur l’implantation de deux édifices différenciés dans leur morphologie et leur caractère. Un volume fin et longiligne vient occuper la parcelle dans sa profondeur, avec un épannelage l’inscrivant délicatement dans la pente, et accueillant des logements sur un rez-de-chaussée surélevé. Un deuxième volume ponctuel, plus cossu, tient l’autre bord de la parcelle et concentre dans un rez-de-chaussée de plain-pied les activités prévues par le programme. L’analyse de conformité au règlement de la zone 4B protégée montre d’une part que la distance aux limites de la parcelle n’est pas respectée : le bâtiment longiligne est environ 2m trop proche de la limite sud, compte tenu de la forme de son pignon. D’autre part, la distance entre les deux bâtiments est trop proche d’environ 2m à l’endroit le plus défavorable. Le jury relève également que l’implantation ne permet pas un phasage convaincant de l’opération ; seul un segment correspondant à un tiers du bâtiment longiligne pourrait être bâti avant la démolition du bâtiment existant, produisant un nombre insuffisant de logements en première étape. Si la clarté et la simplicité du parti pris séduisent, en intégrant harmonieusement le projet au sein du village et en permettant d’ouvrir la perspective sur le grand paysage, l’implantation du second bâtiment est cependant indécise. D’une part, il semble trop en retrait pour faire vivre l’espace public le long de la rue. D’autre part, la petite place qu’il pourrait définir se dissout finalement dans une sorte d’esplanade, proposée sous la forme d’un dallage en béton lavé qui s’étend invariablement depuis le fond de la parcelle jusque sur le front de la route, en proposant même de la traverser. Ce traitement indifférencié dénote la difficulté à structurer la profondeur de la parcelle en différentes séquences. Il en résulte un espace indéfini, qui semble hors échelle par rapport aux éléments programmatiques susceptibles de le faire vivre, et impropre à établir une hiérarchie entre les espaces et activités qui s’adressent au public ou aux habitants des nouveaux bâtiments ; le rapport frontal entre l’espace public et le local vélo placé en pignon est symptomatique de ce manque de définition des espaces extérieurs. Les images donnent la sensation d’un espace très distendu qui n’est plus à l’échelle du village. L’absence d’un vrai espace vert collectif manque par ailleurs dans ce contexte - même si la proposition de jardin potager est appréciée. Le jury salue la cohérence du projet dans le développement d’une identité propre à chacun des bâtiments. Cette distinction se traduit d’abord dans la typologie des bâtiments, qui proposent une intéressante variété de logements. Le bâtiment ponctuel propose un caractère collectif affirmé par une distribution centrale efficace et un plan rayonnant, avec des logements d’angle de grande qualité. Le bâtiment longiligne propose quant à lui des logements traversants généreux et flexibles dans l’appropriation ; le caractère collectif de ce bâtiment est nuancé par les jardins privatifs des logements du rez-de-chaussée, qui permet encore de varier l’offre des logements proposés en l’adaptant judicieusement au contexte. Enfin le traitement très fin des seuils et des entrées est remarqué et apprécié, de même que le soin apporté au travail typologique. Le langage architectural et les choix constructifs appuie cette distinction, avec un traitement minéral du premier qui renforce son caractère classique et cossu, et l’expression fine d’une façade en bois, qui souligne le caractère plus délicat du bâtiment longiligne. Une ambiance quelque peu maussade se dégage néanmoins des représentations du projet, qui peine à le mettre en valeur et à enthousiasmer.